Captures d'instants
D’autres font évoluer leur carrière dans une agence renommée, soucieuse d’augmenter davantage son prestige en faisant travailler à la chaine des vedettes telles Martin Parr.
Martin Parr avait conquis son public avec une exposition au Jeu de Paume, et samedi dernier, il attira rue Hégésippe-Moreau chez Magnum une foule de volontaires prêts à payer de 250 € à 400 € leur portrait qui leur aurait coûté dix fois moins au photomaton.
J’ai surtout constaté que tous les figurants se trouvaient beaux.
Chacun avait apporté un objet soulignant le caractère spécifique de son personnage.
C’est peut-être le moment de me faire un nom parmi les photographes, reconnus grâce à l'affichage de leurs tarifs. Qui sait, cela me permettra peut-être d’acheter une caméra réflex. Alors, je me lance et vous demande combien vous voulez payer pour acheter l’une de mes images J :
Je vous avoue que je n’accrocherais aucune de mes photographies dans mon salon, elles ne me font pas rêver ; elles restituent tout juste une fraction d’instant vécu.
Dommage qu’au même moment, le site du ministère soit en retard d’un train sur son panneau d’affichage « Les livres, les bibliothèques et le patrimoine écrit »…
« L’art doit discuter
doit contester
doit protester »
Georges Pompidou
Le centre culturel Wallonie-Bruxelles à Paris juste en face de l’héritage pompidolien ne démentira pas la définition de l’art par le grand Georges.
L’exposition à voir jusqu’au 29 mai s’intitule « l’Art de l’Irrévérence ».
Quelques perles :
Lang Lang, découvert sur Youtube, je voulais le voir absolument lors de son passage à Paris.
Le 24 août 2010, je m’étais précipitée à l’ouverture du guichet de la Salle Pleyel et emportais le dernier billet à 10 €, la place ZZ101 dans l’orchestre.
Hier, le 2 avril 2011, la salle était comble.
L’ouverture du Carnaval romain d’Hector Berlioz interprété par l’Orchestre national des Pays de la Loire sous la baguette de John Axelrod se prêta bien comme début d’une soirée musicale prometteuse.
Tous les instruments se fondaient cependant dans une ratatouille dont surgissaient seuls par moments le triangle et les trombones. J’attribuais l’écrasement sonore des instruments à l’acoustique de la salle, plus qu’au choix délibéré du chef d’orchestre – la suite me montra que ce résultat était dû à la baguette de John Axelrod. Sa direction était plaisante à voir, pleine de jeunesse, de gaieté et de dynamisme, mais ne pouvait concurrencer à mes yeux avec l’un de mes chefs préférés, Myung-Whun Chung qui sait mettre en valeur chaque musicien tout en conservant l’unité de l’œuvre.
Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel fut ensuite interprété dans sa version pour piano à quatre mains par Herbie Hancok et Lang Lang assis côte à côte devant l’instrument Pleyel. Je distinguais mieux la virtuosité de chacun des deux pianistes que l’histoire racontée par le compositeur aux enfants, en cinq chapitres.
Avec la Rhapsodie hongroise n° 2 de Franz Liszt et la Danse Hongroise n° 5 de Brahms, les deux interprètes m’ont conquise : ce fut très gai, même drôle et j’avais envie de danser avec eux.
À l’entracte, je résumais mentalement les points forts et faibles. Il me sembla qu’aucune partition jouée par Lang Lang ne pourrait être enregistrée telle quelle sur CD : certaines notes étaient trop longues et d’autres libertés avec la composition auraient du mal à être acceptées par le mélomane assis au salon devant sa chaîne HIFI ; pour apprécier la dimension grand spectacle de l’interprétation, il fallait être dans la salle.
La deuxième partie de la soirée me déçut à plus d’un titre. Les pièces pour piano seul notamment jouées par Lang Lang n’étaient ni de la musique classique virtuose, ni de la musique chinoise traditionnelle. La lune se reflétant dans un lac, La lune chassant les nuages, Le Printemps du compositeur Lü Wencheng n’avait de chinois dans le jeu de Lang Lang que l’intention. Pourtant, les touches des sons aigues étaient réglées pour des tonalités très métalliques, utiles pour produire des couleurs chinoises.
Ce détail m’avait déjà irritée lors de l’interprétation de Ravel. Lorsqu’on joue des œuvres aussi variées, il faudrait disposer de pianos différents, ou bien les régler entre les changements de répertoire.
Au fait, personne n’a souligné que le grand piano à queue utilisé hier soir, c’était un « Double Piano Pleyel ». Je ne saurais dire, si celui-ci a été manufacturé en 1920 !
http://www.nettleandmarkham.com/double_piano.htm
Ce qui prouve que le public français est si peu formé à la culture musicale qu’il ne se pose même pas la question pourquoi les pianistes sont d’abord assis tous les deux devant le clavier à gauche – vu de la salle – alors que pour la Rhapsody in Blue de Gershwin ils se font face, chacun devant son clavier relié au même corps de piano !
Pour moi, ce fut une découverte, je n’avais encore jamais entendu évoquer le "Duo-Clave" de Pleyel ! Prouesse technique, mais sonorité moyenne.
Moyenne fut la Rhapsody in Blue, moyenne la virtuosité de Lang Lang.
De retour à la maison, je me suis rendue sur le site :
http://www.citedelamusiquelive.tv/Concert/0961889.html
La prestation de la vedette y est encore moins brillante. Surprenant l’amalgame que l’artiste fait entre l’œuvre de Shakespeare, la culture américaine et Mozart. On dirait une espèce de « digest » ou de Fast-food de la musique. Tant de désinvolture étonne, elle est tangible dans l’interprétation des œuvres. Je n’ai pas constaté que Lang Lang a réussi la musculation de ses doigts dont il parle devant les enfants de la Cité ; il effleure ou caresse les touches et utilise la vitesse pour cacher des erreurs.
Devant le jeune public à la Cité de la Musique, il accompagne l’excellent violoniste chinois Gourgan ( ?) jouant sur son Erhu l’air très célèbre La course des chevaux. En 2001, j’ai pu l’entendre à Hong Kong et réécoute régulièrement le CD. Même à cette œuvre traditionnelle chinoise très subtile, Lang Lang ne rend pas justice au piano.
Le plus gênant pour moi est son style maniéré. Un effet de manche qui lui a probablement été conseillé par la grosse machine à gagner, le spécialiste en stratégie et marketing CAMI :
S’entourer de stars, de chefs d’État, se produire dans des reality-shows, sur des terrains de sport et faire de la publicité pour Audi ou Sony, avoir un Steinway à son nom, s’habiller en Versace, participer aux galas de bienfaisance et présider une fondation, tout cela cimente la réussite made in USA – mais dessert en réalité le véritable talent et empêche l’évolution de l’artiste, cf. http://www.sallepleyel.fr/pdf/note_programme/np_10957.pdf
L’interprétation de Chopin que Lang Lang donna à la Cité de la Musique reste loin derrière celle de Rachmaninov que j’écoute toujours avec un plaisir renouvelé (enregistrements de 1927 – 1930). Le pianiste sino-américain est aussi moins tatillon en ce qui concerne la préparation et l’accordement du piano. Jamais, il n’égalera les concerts d’Arturo Benedetti Michelangeli.
Ce que visent les managers de Lang Lang, c’est le grand public. Ils ciblent les masses et ne se soucient guère de satisfaire les vrais amateurs.
Dommage. Lang Lang pourrait devenir on pianiste inoubliable, s’il corrigeait ce que les connaisseurs lui reprochent.
C’est un temps dominical idéal pour se refugier au musée, à moins de repousser la visite au prochain dimanche gratuit.
Le temple de l’Art considéré par certains comme le plus ringard se donne un air d’avant-gardiste : il accueille Tony Cragg.
Intérieur de la sculpture
L’exposition attira un public inhabituel, le 6 février dernier. Un visiteur s’est rendu directement à la Cours Marly après le match de rugby, gagné contre les Écossais au Stade de France.
Un autre jeune était venu croquer des statues :
Ici se termine le feuilleton de « La Pomme ».
Le premier chapitre avait commencé le 6 novembre de l’année dernière :
http://capturesdinstants.over-blog.com/article-charles-fourier-et-sa-statue-60439907.html
Comme il était à prévoir, de nombreuses critiques se sont fait entendre, résumant la pomme parisienne à un logo d’une célèbre société… - Il serait tout aussi absurde d’évoquer une autre marque mondialement connue et de traduire « fenêtres » par « Windows » !
La seule référence au monde anglo-saxon appréciable dans notre contexte est le fameux dicton :
“An apple a day keeps the doctor away”
http://en.wikipedia.org/wiki/Apple
La pomme figure dans des expressions françaises variées (haut comme trois pommes, pomme d’amour…). Les dictons, en revanche, sont moins pertinents qu’en anglais : “Pomme donnée vaut mieux que pomme pourrie”, “Pour être ridée, une bonne pomme ne perd pas sa bonne odeur”…
La Quatrième Pomme from Anne-Marie Berard on Vimeo.
Le reportage vidéo montre une petite séquence avec « Les Cahiers Charles Fourier » :
http://www.charlesfourier.fr/rubrique.php3?id_rubrique=1
Pour aller plus loin :
http://culture.revolution.free.fr/en_question/2003-02-05-Charles_Fourier.html
Malgré ma vigilance, j’ai loupé la pose de la Pomme sur le socle, Place de Clichy. J’aurais pu filmer la mise en place à 5 heures ce matin – mais je n’avais pas imaginé que l’artiste et les installateurs puissent commencer de si bonne heure. D’ailleurs, personne ne m’avait informée du début des travaux, c’est l’intuition qui me guida, comme souvent…
J’eus la joie de saluer Franck Scurti qui surveilla les travaux autour de sa « Quatrième Pomme ».
Cela signifie que je devrais chercher ses pommes numéros 1, 2, 3, 5 et aller voir la 6e :
http://www.franckscurti.net/street_pomme_fr.php
Le sculpteur m’accordera peut-être une petite interview le jour de l’inauguration officielle ; aujourd’hui, il était trop occupé.
Tous les détails de l’œuvre et de son histoire sont à découvrir sur 10 pages dans le journal grand-format, édition spéciale, disponible à la Mairie du 18e arrondissement.